mercredi 24 mars 2010

Espèces de fous!

Plus je lis Nothomb et plus je sens cette sensualité qu'elle entretient avec la mort ! Plus je te lis Amélie, et plus j’ai l’impression que tu essaies de nous ouvrir les yeux, à chacun de nous, sur toutes les raisons qui légitimeraient notre suicide.

Ta relation avec la mort, me rappelle souvent ma relation avec la folie. Cet océan sur lequel flotte notre raison. A tel point, que j’ai l’ultime conviction que nous sommes naturellement fous, et que tout ce que nous faisons entre notre réveil et notre coucher, est essayer de le camoufler. Et toute âme qui n’a jamais gouté au goût de la folie, ne fût jamais.

Il m’arrive d’observer les gens et d’admirer leur folie, c’est alors que tous les murs s’effondrent et je me retrouve au plein milieu de la caverne de Platon.

Un chemin vers la folie ? Transpercez la métaphysique des mœurs et vous descendez direct chez les fous. Mes hautes salutations à Kant.

Il y a une expression que je trouve hilarante : « apprendre à se connaître ». Apprendre à se connaître. Apprendre à se connaître. On a besoin d’apprendre à nous connaître. Et que savons-nous ? J’ai renoncé à tout savoir quand j’ai réalisé l’hilarité de cette phrase.

Je ne sais pas pourquoi je me sens piégée. Je suis, mais je n’ai aucune idée de quoi j’ai l’air et de qui je suis. Même ça, toute une vie ne me suffira pas pour le savoir. Et je ne sais pas pourquoi ça me rappelle le dialogue entre un personnage de Gaarder et un caméléon dans son livre « Maya ».

Est-ce que vous vous rendez compte que vous devez apprendre à vous connaître ? Que même à vous-même, vous êtes étranger… prétendre à connaître les autres et le monde, me ferait presque sourire maintenant. J’ai dans ma tête cette image de moi sur un plan de deux dimensions, je ne peux pas me voir, mais je sais que je suis là. Je vois... et le reste, je fais avec.

Je me suis souvent dite que dans le fait que nous ne puissions pas nous voir tout le temps, réside une certaine sagesse. Quand je me regarde dans un miroir (rarement), j’ai toujours besoin de quelques secondes pour réaliser que c’est moi, et alors je me dis à chaque fois : alors c’est ça ce que les autres voient ? C’est toi qui me représente dehors ? Mais est-ce que tu me ressembles parfaitement ? Est-ce que tu reflètes vraiment ce que je suis ? Qui es-tu ? Et pourquoi tu as choisi d’être à cette image ? Pourquoi es-tu moi ? Et puis je fixe mon regard et je suis plus rassurée, et je dis à cette petite fille que j’étais : tu es encore là toi ? :) On en a vu des choses hein ? Merci d’être toujours là :)

Nous sommes des êtres étranges. Tu avais raison Ryuk.

Et savez-vous que rester seul avec soi vous rendrait presque fou ? Comment prétendre encore à sa liberté lorsqu’on est défendu de faire un pas vers soi ? Quel beau pétrin n’est-ce pas ? Les fous passent leur temps à parler à eux-mêmes. Voient-ils ce que nous ne voyons pas ? Comment nous voient-ils ? Nous voient-ils déjà ? Probablement pas.

La folie, je la sens en moi. Elle n’est jamais très loin. Mais je n’aime être à la merci de rien ni de personne, même pas de toi, folie.

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